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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/39

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ne suis pas content non plus. Vous m’ennuyez tous. »

Le père regardait toujours, et, voyant la mauvaise volonté évidente de Gaspard, il s’approcha et lui tapa sur le dos avec sa fourche.

« C’est pour te donner du cœur à l’ouvrage, paresseux, fainéant ! Commence, ou je te ferai marcher un peu plus rudement que tu ne le voudrais. »

Gaspard savait que son père ne plaisantait pas quand il s’agissait de travail, et il fut bien obligé de se mettre sérieusement à l’ouvrage ; mais il y mettait de l’humeur, de la mauvaise volonté ; au lieu de retourner le trèfle avec sa fourche, il le poussait et il en laissait la moitié sans y toucher. Le père l’observait sans faire semblant de rien.

On travailla ainsi pendant deux heures environ ; il faisait chaud ; on avait soif. Le champ était fini ; avant de passer à celui à côté, le père appela ses ouvriers.

« Il fait chaud, dit-il ; buvons quelques verres de cidre et mangeons une croûte de pain ; nous allons recevoir ainsi la récompense de notre travail. »

Les ouvriers, joyeux de ce quart d’heure de repos, se groupèrent sous un gros pommier bien touffu qui les abritait du soleil. Lucas accourait rouge et en nage. Gaspard allait aussi prendre sa place, mais le père le repoussa rudement.

Le père.

Tu n’as pas gagné ta place au milieu de nous,