Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/48

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Thomas.

Laisse-moi tranquille avec ton maître d’école. J’ai besoin de toi, et tu resteras.

Le fermier alla rejoindre les autres, et Gaspard resta immobile et consterné.

« Pas d’école, pas d’école ! répétait-il. Il faut pourtant que j’y aille ; j’ai à parler à M. Tappefort. »

Il réfléchit quelques instants. Son visage s’éclaircit.

« C’est ça ! » s’écria-t-il.

Et il courut à la ferme, prit un livre, et alla trouver sa mère qui battait le beurre.

Gaspard.

Maman, mon père m’a dit de rester à la ferme ; je vais aller reporter au maître d’école un livre qu’il m’avait prêté, et je reviens.

La mère.

Va, mon garçon ; va. Mais ne sois pas longtemps : j’ai besoin de toi pour m’aider à battre le beurre ; j’ai le bras fatigué, et je n’ai personne pour me remplacer. Ils sont tous au trèfle.

Gaspard hésita un instant. La pauvre mère suait à faire pitié ; il voyait qu’elle avait réellement besoin de quelques instants de repos, qu’il la trompait en prétextant le livre du maître d’école, et qu’il ferait bien d’y renoncer pour ce jour-là ; mais l’amour de l’étude l’emporta, et il partit en courant.

« Le pauvre garçon ! pensa la mère. Comme il