Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/49

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court pour être plus vite revenu… Suis-je fatiguée, mon Dieu ! J’en ai les bras engourdis. »

Elle continuait pourtant à battre son beurre, qui ne voulait pas prendre.

La mère.

C’est singulier ! il y a plus d’une heure que je bats ! Et le beurre ne prend pas… Gaspard ne va pas tarder à revenir : il n’y a pas loin de chez nous à l’école.

Mais Gaspard ne revenait pas, et les bras de sa mère se fatiguaient de plus en plus. Pendant qu’elle s’éreintait, Gaspard, tranquillement assis dans sa classe, écrivait, lisait, calculait. La classe n’était pas encore ouverte, mais il avait demandé la permission de s’y installer.

« Parce que, m’sieur, dit-il au maître d’école, plus tard je ne pourrai pas ; on a besoin de moi à la ferme : mon père veut m’envoyer au trèfle, et je ne veux pas rester en arrière des autres écoliers.

Le maître d’école.

Mais ton père va te gronder quand il te saura ici, puisque tu as à faire à la ferme.

Gaspard.

Oh ! m’sieur, si je l’écoutais, je ne viendrais jamais à la classe. Il dit que ce sont des bêtises, et que je n’ai pas besoin de pâlir sur des livres, que j’en sais bien assez.

Le maître d’école.

Fais comme tu voudras… On apprend bien des choses dans les livres.