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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/75

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même pour tout avouer, tu as l’air sournois et ennuyé.

Gaspard.

Parce qu’on me contrarie, qu’on ne me laisse pas faire mon chemin comme je l’entends. »

Le père Thomas se retourna.

« Qu’est-ce que vous dites, vous autres ? De quel chemin parlez-vous ?

Lucas, riant.

Du chemin de l’école, papa ; Gaspard n’aime pas celui que nous prenons.

Le père Thomas.

Et par où veut-il donc passer ?

Lucas.

Ma foi, je n’en sais trop rien ; vous savez qu’il n’a pas des idées comme tout le monde. Nous voici arrivés, et nous allons nous régaler d’une galette que maman a fait cuire ce matin. »

Le souper fut soigné. Un lapin sauté, un ragoût de légumes au lard, et la galette avec de la grosse crème. La bonne humeur de Lucas fit revenir la gaieté, que la maussaderie de Gaspard avait chassée. Après avoir bien mangé, bien ri, on sortit pour prendre l’air. Gaspard resta pour examiner ses livres ; Lucas alla voir le petit Guillaume, qui n’avait eu qu’un prix d’encouragement.

On finissait de souper quand Lucas entra.

Lucas.

Eh bien ! Guillaume, nos prix n’ont pas été lourds à porter ; t’en affliges-tu ?