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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/96

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tour avec la génisse qu’il venait d’acheter, la matinée était avancée ; il éveilla Lucas d’un coup de pied dans les reins.


Il laissa le pauvre Lucas au pied d’un arbre.

« Lève-toi, grand fainéant, et en route ; il se fait tard. »

Lucas sauta sur ses pieds et suivit son père, sans seulement regarder la génisse. Ce fut lui qui fut chargé de la mener, de sorte qu’il eut le temps de l’examiner : il n’en fut pas content.

« Ça ne fera jamais une bonne vache laitière, se dit-il. Comment mon père a-t-il choisi cette génisse ? La corne mal faite, la bête mal bâtie ; il n’y a de joli que le poil. Et encore est-elle trop blanche, pas assez caille ; j’aurais préféré une rouge ou une bringée. Maman ne sera pas contente. »

Ils prirent une autre route que le père Thomas croyait plus courte, et arrivèrent, au bout d’une heure, dans un carrefour où se trouvait un poteau, avec l’indication des trois ou quatre villages auxquels aboutissaient les chemins qui se trouvaient devant eux.

« Tiens, dit le père Thomas, c’est que je ne m’y reconnais plus : lequel des chemins faut-il prendre ?

Lucas.

Il faut continuer tout droit, mon père ; en allant, nous avons toujours marché droit devant nous.

Thomas.

Regarde les écritures ; j’ai payé assez de mois