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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/99

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d’école pour que tu puisses lire un mot sur les poteaux de la route. »

Lucas regarda, tâcha d’épeler, de déchiffrer le nom de l’endroit indiqué par le poteau, mais il n’y put parvenir.

« Je ne sais pas, dit-il enfin ; les lettres sont effacées, je ne peux pas les lire.

Thomas.

Ignorant ! animal ! Nous voici dans un fameux embarras, grâce à ta paresse, à ta mauvaise volonté.

Lucas.

Je vous assure, mon père, que je fais ce que je peux ; mais j’ai beau m’appliquer, je ne retiens pas.

Thomas.

Parce que, comme je te disais tantôt, tu es un âne, un vrai bourri. »

Après quelques instants d’hésitation, le père Thomas prit le chemin à droite au lieu de continuer droit devant lui, comme l’avait dit Lucas. Ils marchèrent longtemps sans se reconnaître.

« Nous avons pris le mauvais chemin », dit le père Thomas.

Et il se mit à jurer contre lui-même, contre les routes, contre l’innocent Lucas qu’il n’avait pas voulu écouter.

« La génisse ne va pas pouvoir faire une si longue route, bien sûr ; avec ça qu’elle veut toujours s’écarter à droite et à gauche, et qu’elle n’est pas commode à mener. »