Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/174

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il employa les deux heures d’étude à faire son pensum. Quand la cloche sonna la classe, Innocent présenta son cahier au maître d’étude, qui l’examina, et le trouva bien.

« C’est bien, monsieur. Je vous marque dix bons points.

— Merci, monsieur, vous êtes bien bon », répondit Innocent enchanté.

Le maître d’étude, qui n’était pas habitué aux politesses et aux compliments de ses élèves, parut très-satisfait, et, sans en rien dire effaça les vingt mauvais points qu’il avait marqués précédemment.

La classe se passa, comme toutes les classes de cette pension ; le maître fut ennuyeux, sévère, parfois injuste ; les élèves furent bruyants, indociles, insupportables : un ange y aurait perdu patience. Innocent était ébahi ; il eut de la peine à comprendre la leçon, tant il y eut d’interruptions, de tumulte sourd, de réclamations. Deux élèves furent renvoyés de la classe ; Innocent croyait les retrouver tristes et honteux ; il fut surpris de les entendre, à la récréation, rire de leur renvoi et raconter qu’ils avaient réussi à le cacher au maître de pension.

« Comment avez-vous fait ? demanda Innocent.

LES ÉLÈVES.

Pas difficile, va ; au lieu de rentrer en étude, nous sommes restés au parloir à nous reposer et à nous