Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

core avait, chez un oncle fort riche, une loterie où tous les numéros étaient gagnants, et de fort beaux lots. D’autres gémissaient, pleuraient. Peu se repentaient sincèrement et s’affligeaient de la mauvaise action qu’ils avaient commise ; parmi ces derniers, l’un d’eux, Hector Froment, qui était resté silencieux, la tête cachée dans ses main frappa tout à coup du poing sur la table et s’écria :

« Eh bien, mes amis, c’est bien fait ! Nous n’avons que ce que nous méritons ! Depuis six mois que nous nous laissons conduire par ces trois méchants garçons qui vont être chassés (et j’en suis très-content), nous n’avons que des retenues, des pensums, des réprimandes ; je ne sais si cela vous arrange, vous, mais moi, je déclare que tout cela m’ennuie et que je n’en veux plus ; je veux redevenir ce que j’étais, un bon élève, un brave garçon, comme l’est ce Paul Rivier qui nous a dénoncés. Il a eu raison ; c’est…

— C’est un pestard et un lâche ! je ne le regarderai de ma vie ! s’écria un élève furieux.

— Je te dis, moi, que c’est un brave et honnête garçon. Les lâches, c’est nous, comme a dit le maître.

— Ah ça ! vas-tu fouiner, capon ?

— Je ne fouine pas, je ne caponne pas ; mais je dis ce que je pense, et je pense ce que je dis.

— Imbécile ! » dit l’élève en levant les épaules.