Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/194

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Hector ne répondit pas ; il prit du papier et se mit à écrire. Les autres, après quelques instants de discussion, de gémissements et de regrets, firent comme lui : les devoirs y gagnèrent d’être mieux faits que d’habitude ; les leçons apprises et bien sues ; le silence fut gardé plus exactement que jamais. Le maître d’étude n’eut pas un mauvais point à marquer.

Pendant que les coupables se rendaient, les uns au cachot, les autres en étude, le garçon de classe courait à toutes jambes chercher le médecin, qu’il ne trouva pas, et qu’il poursuivit de maison en maison en faisant quelques haltes, soit au café, soit au cabaret, quand il rencontrait un ami qui lui proposait une tasse ou un petit verre ; pendant ce temps, Innocent se remettait petit à petit de sa frayeur et de son évanouissement ; il ouvrit les yeux, la bouche, avala de l’air à pleins poumons, se releva, regarda autour de lui d’un air effaré, voulut marcher, et serait retombé si ses nouveaux amis ne l’eussent soutenu ; il les regarda avec surprise, essaya de parler, mais ne put parvenir à articuler une parole.

Le maître et le maître d’étude Hervé firent approcher un banc, sur lequel on assit Innocent. On lui fit avaler quelques gorgées d’eau fraîche et d’arnica : on lui frotta les tempes, le front et le visage d’eau et de vinaigre. Il revint complètement à lui, et,