Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/200

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INNOCENT.

Oh oui ! je suis content ! Si tu savais comme c’est triste d’être seul, sans amis, sans personne qui vous aime, qui s’intéresse à vous !

SIMPLICIE.

Comment, seul ? Vous êtes près de cent ici.

INNOCENT.

On est plus de cent, plus de mille dans la rue, et pourtant on est comme si on était seul.

COZRGBRLEWSKI.

Tiens, tiens ! vous pas content, Monsieur Nocent ? Vous pas aimer être sans sœur et sans bonne femme ?

INNOCENT.

Je m’ennuie, je suis seul.

SIMPLICIE.

C’est bien ta faute ! Pourquoi as-tu voulu venir à Paris et en pension ? Et moi aussi, je m’ennuie, et joliment, va !

INNOCENT.

Tu as ma tante, toi.

SIMPLICIE.

Oui, c’est agréable, ma tante ! Elle me donne des soufflets, elle me gronde. Je la déteste.

INNOCENT.

Tu as Prudence.

SIMPLICIE.

Prudence est ma bonne ; je ne peux pas faire d’elle ma société.