Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/201

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INNOCENT.

Elle t’aime. Ici personne ne m’aime.

SIMPLICIE.

Pourquoi as-tu voulu venir ? C’est ta faute.

INNOCENT.

Oui, c’est ma faute ; je m’en repens bien, je t’assure.

SIMPLICIE.

Et moi donc, si je pouvais retourner à Gargilier, comme je serais contente !

INNOCENT.

À quoi t’amuses-tu ?

SIMPLICIE.

À rien ; je m’ennuie.

INNOCENT.

Et toi, Prudence ?

PRUDENCE.

Oh ! l’ouvrage ne me manque pas, monsieur ; je ne m’ennuie pas. Je savonne, je repasse, je couds, je lave la vaisselle, j’aide à la cuisine, je promène mamzelle.

INNOCENT.

Tu es bien heureuse de ne pas t’ennuyer ; moi, je m’ennuie.

SIMPLICIE.

Tu ne fais donc rien ?

INNOCENT.

Rien !