Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/202

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SIMPLICIE.

À quoi passes-tu ton temps ? Je croyais qu’on travaillait beaucoup en pension.

INNOCENT.

C’est vrai, on travaille ; mais je n’ai pu rien faire parce que j’ai été malade.

PRUDENCE.

Qu’avez-vous eu, monsieur Innocent ?

INNOCENT.

Ils m’ont pressé, j’ai manqué étouffer, je suis tombé sans connaissance ; Paul, Louis et Jacques m’ont délivré.

PRUDENCE.

Mais c’est abominable ! Et pourquoi ? et qui ? »

Innocent, enchanté d’exciter la compassion, raconta longuement la poussée dont il avait été victime et le renvoi des trois élèves qui avaient excité les autres et qui avaient dirigé la presse. Simplicie admirait plus le courage des défenseurs d’Innocent qu’elle ne plaignait son frère. Quand il eut fini son récit. Prudence pleurait à chaudes larmes, Cozrgbrlewski regardait le plafond d’un air féroce, serrait les poings et répétait :

« Si moi là, moi aurais tué tous, comme à Ostrolenka. Brigands, scélérats, bêtes brutes ! »

Simplicie restait impassible et disait de temps en temps :

« Voilà ce que c’est !… C’est bien ta faute !… Tu