Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/21

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M. GARGILIER, avec impatience

Eh bien ! qu’y a-t-il donc ? Simplicie pleure et crie ?

MADAME GARGILIER.

Toujours sa même chanson : « Je veux aller à Paris. »

M. GARGILIER

Petite sotte, va ! Tu fais comme ton frère, dont je ne peux plus rien obtenir. Monsieur a dans la tête d’entrer dans une pension de Paris, et il ne travaille plus, il ne fait plus rien.

MADAME GARGILIER.

Il serait bien attrapé d’être en pension ; mal nourri, mal couché, accablé de travail, rudoyé par les maîtres, tourmenté par les camarades, souffrant du froid l’hiver, de la chaleur l’été ; ce serait une vie bien agréable pour Innocent, qui est paresseux, gourmand et indocile. Ah ! le voilà qui arrive avec un visage long d’une aune. »

Innocent entre sans regarder personne ; il va s’asseoir près de Simplicie ; tous deux boudent et tiennent les yeux baissés vers la terre.

MADAME GARGILIER.

Qu’as-tu, Innocent ? Pourquoi boudes-tu ?

INNOCENT

Je veux aller à Paris.

M. GARGILIER

Petit drôle ! toute la journée le même refrain :