Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/22

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« Je veux aller à Paris… » Ah ! tu veux aller à Paris ! Eh bien ! mon garçon, tu iras à Paris et tu y resteras, quand même tu y serais malheureux comme un âne.

— Et moi, et moi ? s’écria Simplicie en s’élançant de sa chaise vers son père.

— Toi, nigaude ?… tu mériterais bien d’y aller pour te punir de ton entêtement maussade.

— Je veux y aller avec Innocent ! Je ne veux pas rester seule à m’ennuyer.

— Sotte fille ! Tu le veux, hé bien ! soit ; mais réfléchis bien avant d’accepter ce que je te propose. J’écrirai à ta tante, Mme Bonbeck, pour qu’elle te reçoive et te garde jusqu’à l’été ; une fois que tu seras là, tu y resteras malgré prières et supplications.

— J’accepte, j’accepte, s’écria Simplicie avec joie.

MADAME GARGILIER.

Tu n’as jamais vu ta tante, mais tu sais qu’elle n’est pas d’un caractère aimable, qu’elle ne supporte pas la contradiction.

— Je sais, je sais, j’accepte, » s’empressa de dire Simplicie.

Le père regarda Innocent et Simplicie, dont la joie était visible ; il leva encore les épaules, et quitta la chambre suivi de sa femme.

Quand ils furent partis, les enfants restèrent un instant silencieux, se regardant avec un sourire de