Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/226

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explications, remerciait le sergent de ville. La foule s’attendrissait et laissa éclater un murmure de désapprobation quand la loueuse de chaises, s’approchant de Prudence, lui demanda impérieusement ses six sous.

« Quels six sous ? que voulez-vous encore ?

— Je veux mes six sous, ou je vous fais fourrer au violon. »

Le sergent de ville expliqua à Prudence la réclamation de la loueuse. Prudence s’empressa de tirer les six sous de sa poche et de les remettre à la femme, en lui disant avec sévérité :

« Les voilà, ces six sous pour lesquels vous avez insulté mes pauvres jeunes maîtres. Cet argent ne vous profitera pas, c’est moi qui vous le prédis. »

La femme, contente de ravoir un argent qu’elle croyait perdu, l’empocha sans répondre. La foule se dispersa, et Prudence, tenant Innocent d’une main, Simplicie de l’autre, et suivie de Coz, se mit en marche pour retourner à la maison, non sans avoir remercié encore le sergent de ville de la protection qu’il avait accordée à ses jeunes maîtres. Le Polonais était honteux d’avoir si mal rempli son rôle.

« Si Madame, Prudence et mamzelle et Monsieur veut rien dire à tante et à camarade Boginski ; moi pas bien faire ; moi avoir oublié regarder enfants, avoir regardé chevaux et Mme Prudence. Moi mauvais, mal fait ! Tante gronder, camarade gron-