Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/371

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frictions, cendres chaudes, etc. Ce ne fut qu’après une demi-heure des soins les plus assidus qu’il donna quelques signes de vie ; bientôt il ouvrit les yeux, mais les referma aussitôt. Le médecin qui présidait au sauvetage le saigna au bras ; le sang coula, donc il vivait et il était sauvé. Le chef de pension, qu’on avait été prévenir et qui venait d’arriver, passa de l’inquiétude à la joie ; il ne tarda pas à voir Innocent revenir tout à fait à la vie, parler et vouloir se lever. Le maître le fit envelopper dans des couvertures et emporter dans une voiture qui l’attendait. Ce fut encore à l’infirmerie qu’on le déposa en rentrant à la pension. Innocent songea avec bonheur que c’était sa dernière nuit à passer dans cette maison qu’il avait tant désiré habiter, et qui avait été pour lui un lieu de torture et de misère.

Il remercia Dieu de l’avoir sauvé de ce dernier danger, et, en témoignage de sa reconnaissance, il résolut de rendre le bien pour le mal et de ne nommer aucun des élèves qu’il avait parfaitement reconnus, et qui avaient manqué le faire périr. Cette résolution lui coûta beaucoup, mais il n’y faillit pas, et quand le chef d’institution et le maître d’étude vinrent le lendemain savoir de ses nouvelles et le questionner sur l’accident dont il avait été victime, il répondit vaguement qu’il avait perdu connaissance sans savoir comment.