Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/372

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LE MAÎTRE.

Mais de plus jeunes élèves ont dit depuis avoir vu vos camarades vous donner des passades, et les recommencer dès que vous reveniez sur l’eau.

INNOCENT.

C’est possible ; quand on est dans l’eau on n’a pas le sentiment bien clair de ce qui se passe ; j’ai enfoncé, j’étouffais, et puis je me suis évanoui.

LE MAÎTRE.

Mais vous avez dû reconnaître ceux qui vous entouraient quand vous avez enfoncé.

INNOCENT.

Je n’ai regardé personne ; je m’amusais à nager et je ne faisais pas attentions aux autres.

LE MAÎTRE.

Je vois que vous ne voulez nommer personne ; c’est bien généreux à vous vis-à-vis de ces mauvais garnements.

Innocent ne répondit pas ; il remerciait le bon Dieu de lui avoir donné le courage de cette générosité. Le maître le quitta en lui serrant la main.

Il avait passé une assez bonne nuit ; il allait bien, de sorte que le médecin lui permit de se lever, de déjeuner et de se préparer à quitter la maison. Quand Prudence et Coz arrivèrent, Innocent leur raconta l’accident de la veille ; Prudence faillit tomber à la renverse de frayeur et de chagrin. Elle alla toute tremblante régler ses comptes avec le