Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/390

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— Au secours ! laissez-moi ; je veux voir ma bonne.

— Où est-elle votre bonne ? Pourquoi vous êtes-vous sauvée de votre bonne ?

— Je ne me suis pas sauvée, c’est ma tante qui m’a volée ; ma bonne est chez Mme de Roubier.

Mme de Roubier ? Dans la rue de Grenelle ?

— Oui, oui, 91 ; c’est là où je demeure, où je veux aller.

— Tiens ! c’est singulier, dit le sergent de ville à mi-voix ; elle n’a pourtant pas mine d’appartenir à une bonne maison, cette petite. »

Il ne savait trop s’il devait la laisser aller ou la retenir, lorsque Simplicie poussa un grand cri, donna une secousse si violente que le sergent de ville la laissa échapper, et elle reprit sa course avec plus de vitesse qu’auparavant, criant :

« Au secours ! Boginski, ramenez-moi ! »

Le sergent de ville courut après elle de toute la vitesse de ses jambes, et parvenait à la saisir au moment où Simplicie tombait haletante et demi-morte dans les bras de Boginski.

La foule, qui s’était amassée autour d’eux pendant le premier interrogatoire du sergent de ville, et qui courait avec lui pour assister à la fin de cette scène étrange, se rassembla plus compacte, et écouta avec intérêt les explications de Boginski et