Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/389

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tirer ma pauvre petite maîtresse des griffes de cette femme abominable, et nous retournerons tous à Gargilier.

COZ.

Dieu soit béni quand être à Gargilier ! »

Coz se résigna à attendre ; Prudence le chargea d’avoir soin d’Innocent pendant qu’elle irait informer Mme de Roubier de ce qui venait d’arriver, et lui demander conseil sur ce qu’il y avait à faire pour ravoir Simplicie.

Boginski courait à la rue de Godot, pendant que Simplicie courait à la rue de Grenelle. Elle avait souvent parcouru la distance qui la séparait des Mlles de Roubier ; elle s’était promenée plusieurs fois aux Tuileries, de sorte qu’elle trouva facilement son chemin ; elle traversait les Tuileries comme une flèche, lorsqu’elle se sentit arrêtée ; un sergent de ville l’avait saisie par le bras : il la prenait pour une voleuse qui s’échappait.

« Où courez-vous donc si vite, la belle ? On dirait, que vous avez cent diables à vos trousses.

— Oh ! laissez-moi, laissez-moi ! elle va venir, elle va me reprendre ; elle me battra, me tuera, dit Simplicie avec détresse.

— Qui cela, elle ? dit le sergent de ville surpris.

— Elle, ma tante ! Oh ! je vous en prie, laissez-moi. Si elle m’attrape, je suis perdue.

— Au contraire, la belle, vous êtes retrouvée.