Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/404

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« Bonjour, mon cousin.

— Bonjour, ma cousine. »

En Bretagne comme en Normandie, on est cousin et cousine à trois lieues à la ronde, vu que les parentés ne se perdent jamais et que vingt générations ne détruisent pas le lien primitif du vingtième ancêtre.

Germain, le cocher, ayant Coz à sa gauche sur le siège partit au grand trot ; les chevaux s’animèrent, Germain perdit la tête, lâcha les guides ; les chevaux s’emportèrent, allèrent comme le vent et auraient jeté la voiture dans un fossé de vingt pieds de profondeur, si Coz n’eût saisi les rênes, n’eût maintenu et calmé les chevaux et ne les eût remis au trot raisonnable de bons normands.

Prudence et les enfants n’avaient pas perdu une si belle occasion pour crier et appeler au secours.

« Vous pas crier, disait Coz ; chevaux s’effrayer, courir plus vite. »

Quand les chevaux ralentirent leur marche, les cris cessèrent de se faire entendre. Coz se retourna.

« Vous voyez, pas danger ; Coz sait conduire chevaux ; cocher pas bien tenir ; laisser aller trop fort, mauvais ; chevaux toujours faut tenir. »

Il voulut rendre les rênes au cocher, mais celui-ci refusa.