Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/405

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« Je n’aime pas ces chevaux, dit-il, ils sont trop vifs, ils courent trop fort. Monsieur vient de les acheter ; il fera bien de les revendre.

— Non, pas revendre ; chevaux bons, pieds bons ; trot bon, tout bon.

— Alors, monsieur prendra un cocher plus habile que moi, car je ne me charge pas de mener ces bêtes, qui s’emportent pour un rien.

— Moi mener ; pas s’emporter avec Coz ; moi tenir eux. »

On arriva au petit castel de Gargilier. Innocent et Simplicie se précipitèrent dans les bras de leur père, qui les attendait au bas du perron.

« Pardon, papa, pardon ! disaient-ils tous deux. Que vous êtes bon de nous avoir pardonnés, de nous avoir laissés revenir ! »

Pendant qu’ils couraient embrasser leur maman, que son entorse retenait dans sa chambre, M. Gargilier embrassait Prudence, la questionnait sur les derniers événements dont il ignorait les détails, et faisait connaissance avec Coz, que Prudence lui présenta avec un tel éloge, qu’il comprit tout de suite combien Coz avait dû rendre de services pour être tellement vanté par la sage Prudence. Il le questionna sur sa position, ses moyens d’existence.

« Moi avoir rien, dit Coz ; moi, pauvre Polonais, seul pas heureux. Si moi rester ici, moi si content, moi faire tout pour monsieur, madame, M. Nocent,