Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/406

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mamzelle et bonne Mme  Prude. Moi aimer les trois, et moi pas vouloir quitter.

MONSIEUR GARGILIER.

Mais, mon pauvre garçon, je n’ai pas d’ouvrage à vous donner ici ; je ne peux pas faire de vous un domestique, un ouvrier.

COZ.

Pourquoi ? Moi tout savoir ; moi domestique chez monsieur le comte, moi cocher, moi bêcher, faucher, tout faire chez vous.

MONSIEUR GARGILIER.

Je veux bien croire à vos talents, mon garçon ; mais vous êtes sans doute habitué à gagner beaucoup d’argent, et je n’ai pas de quoi payer les gens comme font les grands seigneurs.

COZ.

Moi ! beaucoup d’argent ? Moi demander rien ; seulement logement, nourriture ; moi avoir du gouvernement quarante-cinq francs par mois ; c’est assez, c’est trop.


MONSIEUR GARGILIER.

Nous verrons cela, mon ami ; je verrai comment vous travaillez. »

M. Gargilier alla rejoindre ses enfants ; il les trouva à genoux près du canapé de leur mère, lui baisant les mains, et témoignant leur bonheur avec une tendresse dont elle n’avait pas l’habitude et qui la remplissait de joie.