Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/86

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vieille tante. Pas de cérémonies, et pas d’air guindé ! J’aime qu’on rie, moi ! Celui qui ne rit pas n’a pas une bonne conscience ! Par ici, l’amour des chiens, par ici ; fais-leur voir comme tu es bon ami avec l’amour des chats… Tenez, voyez-moi ça ! Voyez cet amour de chat ! un peu pelé parce qu’il est vieux comme sa maîtresse, et qu’il bataille par-ci par-là avec l’amour des chiens. À bas ! à bas ! l’amour des chats ! Voyons, pas de batailles ! À bas, l’amour des chiens ! Sac à papier ! À bas ! Je dis ! »

L’amour des chiens, l’amour des chats n’écoutaient pas les paroles conciliantes de leur maîtresse ; ils se battaient comme des enragés ; l’amour des chiens arrachait à belles dents les poils déjà endommagés de son ami ; l’amour des chats griffait à pleines griffes le nez, les oreilles, les yeux de son camarade. Mme Bonbeck criait, se jetait entre deux, tapait l’un, tapait l’autre, sans pouvoir les séparer.

« Satanées bêtes ! s’écria-t-elle. Ah ! vous en voulez ? On y va, on y va ! »

Et, saisissant un fouet, elle distribua des avertissements si frappants, que chien et chat se séparèrent et se réfugièrent dans leurs coins, hurlant et miaulant.

Mme Bonbeck remit son fouet en place, s’approcha en riant des enfants consternés, de Prudence pétrifiée et des Polonais ébahis :

« Voilà ma manière, dit-elle. Je fais tout ronde-