Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/11

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qui font tout le trajet. (Il se prépare à Conches un Côté des femmes admirable dont j’ai étrenné le marbre et l’acajou.) À Laigle nous avons dîné assez mal ; j’ai fait au chef des complimens hypocrites sur son talent culinaire, il a souri et rougi d’orgueil et peut-être d’étonnement. Nous sommes reparties à neuf heures et demie et nous sommes arrivées définitivement aux Nouettes à dix heures. La pauvre Sabine[1] a payé au voyage son tribut accoutumé par une migraine et un vomissement. Ce dernier s’est déclaré aussi maladroitement que possible à Rugles, au nez d’une nombreuse assemblée qui profitait du lendemain de la Pentecôte pour flâner et assister à l’arrivée de la diligence. Nos pauvres chevaux y ont soufflé pendant un quart d’heure, tout juste le temps de laisser Sabine vomir en deux temps sur les spectateurs horrifiés. Elle a dîné à Laigle, elle a bien dormi en arrivant, de onze heures à neuf heures, et nous allons voir le curé et la pauvre Victorine[2] avant de dîner. Si tu pars lundi, ou n’importe quand, préviens-moi à temps pour que je te retienne le coupé ; tu n’aurais peut-être que l’affreux intérieur. Si pourtant tu te décides trop tard, retiens le coupé à Paris en retenant tes places à la gare. Fais-le savoir à Conches par télégraphe électrique. Fais déménager tes robes, tes fleurs, chapeaux et tout ce que tu n’emportes pas, le plus tôt possible. Soigne un peu les affaires de ce pauvre Émile ; fais tout emballer

  1. Ma sœur, plus tard religieuse à la Visitation.
  2. La fille d’Hurel le Boucher, qui était malade. Ma mère parle d’eux dans les Petites Filles modèles.