Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/139

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revu et corrigé ; c’est assez long et je veux l’avoir fini et livré demain ; j’ai aujourd’hui à aller chez Sabine, à Auteuil, et chez Marie qui a un mal de gorge violent.—J’ai à écrire aussi à Henriette… J’aime beaucoup les réflexions de Jacques sur Paris et sur Jean. Quel amour que cet enfant ! — Madame de V…[1] ne parle pas encore de se remarier, mais d’adopter une jeune personne ; heureusement que la loi s’y oppose ; elle le dit devant sa fille, la comptant pour rien dans sa vie ; je ne sais où elle en trouverait une autre meilleure, surtout une fille d’occasion. Je ne crois pas que le gendre se fâche jamais vis-à-vis de sa femme…. Au commencement l’amour-propre, plus tard l’habitude, et par-dessus tout la tendresse et la religion arrêteront et détruiront ces éclats d’humeur farouche et indomptée.

J’ai vu hier Élise chez elle, revenue de la veille au soir ; l’ami Louis était en course. On parle de décréter la liberté de la presse ; l’Univers reparaîtrait avec son Jupiter foudroyant ; les écluses longtemps contenues déborderaient avec impétuosité ; le premier article sera superbe et ceux qui suivront tout aussi beaux ; tous les rédacteurs retourneraient à leurs pénates ; C… resterait seul pour combler l’abîme créé par la pusillanimité de son maître…

L’Impératrice revient un de ces jours. On craint que Persigny ne soit appelé à l’Intérieur (il est au Moniteur d’hier) pour faire quelque grand coup qui demande de l’audace; comme un décret religieux

  1. Nouvellement veuve, sentimentale et consolable.