Chère petite… Je suis inquiète pour vous tous des maux de gorge de la ferme ; prenez bien garde à l’humidité aux pieds, à l’humidité du soir, au froid à la nuque, surtout les jours de vent. N’allez aucun de vous du côté de la ferme longtemps après l’épidémie qui y règne ; défends à la fille de ferme de venir à la cuisine chercher les eaux grasses pour leurs cochons et au moindre mal de gorge fais gargariser avec de l’eau et du vinaigre. Prenez l’air le plus possible et récite pour toi et les tiens un Ave Maria tous les jours, en invoquant Notre-Dame de la Salette, en la priant de vous préserver toi et les tiens de toute épidémie,, contagion et accident. Ton père a vu hier Rayer, qui lui a dit qu’il persistait à croire que la cause du mal était dans les battements trop forts du cœur, qu’il devait prendre huit jours de la teinture d’arnica[1]… Il ne croit pas à la paralysie graduée ; il lui fait espérer une guérison complète et il l’enverra aux Eaux l’été prochain. Ton père est moins découragé. Il est enchanté de ton projet de voyage et moi aussi, tout en regrettant que les deux chers petits aînés ne puissent pas t’accompagner. Tu trouveras ta chambre prête pour te recevoir…
Que nous importe ce que disent de nous nos gens
- ↑ Suit le détail du traitement prescrit.