Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/17

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lugubre. Un heureux anniversaire passé sans toi. Pour bouquet de fête, les lettres sont arrivées à une heure de l’après-midi, par suite d’une cérémonie funèbre à laquelle devaient assister le facteur et tous ses confrères. La pauvre Olga ne demandait rien moins que la mise à mort du facteur retardataire dont nous ignorions les empêchements légitimes. Adieu, cher enfant chéri ; je t’aime et je t’embrasse bien tendrement. Ton chien va bien ; sa voix s’exerce dans des gémissements douloureux que provoque sa réclusion ; du reste, il va bien et il a cessé ses courses vagabondes…. Adieu.



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AU VICOMTE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, 3 octobre 1856.


… Cher Émile…

… Ne prête plus à X…. Ce serait encourager un sentiment qui frise l’indélicatesse et tu connais assez le monde et les jeunes gens pour savoir où mène cette indélicatesse malheureusement trop commune. On s’accoutume à emprunter à toutes les bourses, on profite des positions qui rendent un refus embarrassant, presque impossible ; on s’habitue à retarder les remboursemens, puis à ne pas les effectuer du tout et on finit par des expédiens honteux, menteurs, pour se procurer un argent qu’on a obtenu d’abord sans peine.

… Conclusion : plus de prêts et demande de remboursement. Olga n’a pas le cœur content aujourd’hui,