Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/189

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Mérode, Barthe, Larochejaquelein, etc., etc., ont tous écrit ou mis des cartes avec félicitations et remercîmens. Il triomphe. Ta tante jubile, les enfans aussi. A la chambre des députés, ils sont en effervescence de l’affaire Montauban et de la lettre de l’Empereur, adressée à des valets et parfaitement inconvenante. Ce pauvre Empereur semble avoir perdu tout ce qu’il avait de grand, de ferme, d’intelligent, etc. On fait sottise sur sottise. Pauvres nous, car c’est sur nous que retomberont en définitive les fautes de l’Empereur. Il y a eu deux journées de petites émeutes rouges; on criait : à bas les prêtres ! à bas Ségur d’Aguesseau ! Les sergens de ville ont suffi pour dissiper les attroupemens payés par le Siècle; on a voulu faire un charivari à ton oncle sous ses fenêtres; la police l’a empêché. L’Impératrice est si désolée et outrée du prince Napoléon et du rôle du gouvernement, qu’elle ne paraît plus et qu’elle s’est fait excuser au dernier petit bal de lundi; ses yeux étaient si gonflés qu’elle ne pouvait pas se montrer; elle seule, dans la maison, prévoit la chute de l’Empereur et de son fils…

… Ton oncle d’Aguesseau te prie d’excuser le retard de sa réponse; il réserve ses facultés pour le travail nécessaire à la lutte ; il te répondra quand le repos lui sera acquis; il a plus de cent lettres à répondre. Je t’embrasse bien tendrement avec les chers petits… Shake-hands à Émile…



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