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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 2 mars 1862.


Chère petite, je suis bien fâchée de l’accident arrivé à ton pauvre œil ; il aurait pu être grave ; grâce à Notre-Dame de la Salette, tu en as été quitte pour vingt-quatre heures de souffrances et d’inquiétudes; je regrette de n’avoir pas été là; peut-être aurions-nous pu à deux te débarrasser de tes fragmens de démolition. — Je suis débordée de toutes sortes d’occupations ; dans une heure, je vais quêter à Saint-Thomas pour Saint-François de Sales; j’ai rassemblé 430 francs, le généreux Veuillot m’a donné 100 francs… Demain je vais chez Sabine et à l’appartement d’Henriette pour tout arranger ; il y a plusieurs changemens de meubles à faire et de la vaisselle de toilette à acheter. Henriette arrive à, quatre heures et demie après-demain ; j’irai la recevoir. Je n’ai pu écrire mes Nigauds que deux fois ; j’en suis à cinquante-cinq pages ; encore deux cent cinquante à faire, hélas !… Je suis découragée par momens… Ton père ne va pas très bien… il parle d’aller à Luchon avec ton oncle de Lamoignon, si Rayer l’y envoie : ce serait fort heureux pour lui, car il s’ennuierait ailleurs.

Le prince Napoléon a complété son discours de la semaine dernière ; il est difficile de croire que l’Empereur ne marche pas d’accord avec lui. Lundi dernier, on criait et vendait le premier discours dans les rues. Pauvres gens ! On les plaint comme on plai gnait