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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 20 janvier 1864.


Chère petite… À propos des détestables (quoique éloquents), dangereux révolutionnaires et sots (quoique éloquents) discours de Thiers, nous avons eu des disputes furieuses ; d’une part Anatole qui criait comme quatre, M. Naudet, plus démocrate 89 que jamais ; d’autre part, Gaston, Edgar, Woldemar, l’Abbé et moi ; c’était affreux ; un mélange confus de cris, d’interruptions, de petites injures, de colères contenues et colères lancées ; de guerre lasse, Gaston s’est endormi et je l’ai suivi de près ; nos larynx affaiblis ne nous permettant pas de dominer la discussion ; les autres criant à qui mieux mieux.

Je t’embrasse mille fois, chère petite ; dans deux mois et quelques jours, je vous embrasserai tous.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 11 février 1864.


Eh bien, ma chère bonne fille, qu’as-tu ? Pourquoi n’ai-je pas de tes nouvelles ? Il me semble qu’il y a longtemps que je n’en ai eu. Les miennes sont bonnes ; mais je suis vexée. Je n’ai pas de domestique depuis dimanche. J’en avais pris un, en attendant un excellent qui était à la campagne ; ce provisoire