Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le premier ne croit pas te revoir mardi[1] ; il va bien ; il venait de Laigle. Paul a déjeuné et dormi ici; il est superbe, rose, gras et gentil; mais il n’a pas voulu parler devant moi ; il est resté les yeux modestement baissés tout le temps, et il n’a pas bougé, ni ouvert la bouche. Il a fait un froid étonnant depuis que je suis ici ; cette nuit, pour la première fois, je me suis réchauffée. Je ne tousse plus, je cours comme un lapin, je me porte à merveille, je marche comme un Basque…. Adieu…



――――


À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 4 janvier 1865.


Chère petite, les enfans m’ont empêchée d’écrire aux parens ; leur tour revient, malgré Le reliquat de lettres qui tourmentent mon esprit et ma conscience ; mais la quantité fera tort à la qualité… Je t’attends toujours le i5 et je n’oublierai pas le lait de Françon ; et ce sera du lait comme on n’en boit pas souvent à Paris.

Gaston va bien ; il a plus que jamais une affluence de monde à confesser. Son affaire a démontré le respect et la sympathie qu’il inspire même à des ennemis[2]. À la cour, on lui donne tort comme de raison; G… est un des organes de ce saint lieu. L’Impératrice souffre d’une gastrite ; on dit qu’elle

  1. J’étais à Paris pour quelques jours.
  2. Avec Mgr Darboy, archevêque de Paris.