Chère petite, un mot de nouvelles de Jacques que j’ai vu hier et aujourd’hui. Il est frais comme je ne l’ai jamais vu, et gai et causant.
Hier on a tiré la loterie, et les enfans avaient permission de manger tout ce qu’ils voulaient ; j’ai apporté des provisions pour se soutenir pendant le tirage : il a mangé quatre oranges, et une foule de bonbons et gâteaux; tous les enfans mangeaient à qui mieux mieux ; j’étais très près de lui ; il a gagné trois lots : une bonbonnière, un parapluie plein de bonbons, et une autre chose de ce genre; moi j’ai gagné un pot à tabac que je lui laisse, mais dont il ne pourra rien faire. La séance a été entremêlée de musique très bonne, de chansonnettes très bien chantées et mimées. Je suis partie vers trois heures ; ils n’ont terminé le tirage qu’à cinq heures et demie et tous les beaux lots n’ont pas été tirés. Je ne sais pas ce que les bons Pères en feront ; probablement qu’ils resserviront d’appât l’année prochaine.
Il y a eu aussi des réjouissances pour le mardi-gras ; ce matin, de neuf heures à midi, une grande promenade pour voir défiler tout le cortège des quatre bœufs gras ; il y avait une douzaine de chars avec escortes de toutes les nations du monde civilisé et sauvage ; les quatre bœufs avaient chacun pour escorte à pied, à cheval et en char, une