Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/267

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(pour la centième fois) de ton silence obstiné et tu ne m’informais même pas de la maladie de ma petite fille, de ma chère petite Françon[1]. Je présume que Jacques n’en sait pas le premier mot non plus. Je vais lui écrire et le féliciter en même temps sur les derniers n° i qu’il a obtenus. Le Père Argan, que Gaston a vu la veille de son départ pour Kermadio, lui a dit qu’on en était de plus en plus content à Vaugirard, qu’il se faisait aimer de tout le monde et que c’était de plus en plus un charmant enfant. C’est ce que j’ai toujours dit avec tous ceux qui le connaissent, et c’est ce qu’il a toujours été…

Adieu, ma chère petite, je t’embrasse bien tendrement ainsi qu’Émile et les enfans, principalement la pauvre Françon qui a eu cinq ans avant-hier; j’étais loin de penser qu’elle passait ce jour de fête dans son lit !



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 12 novembre 1869.


Chère enfant, je t’adresse ma première lettre[2] ; le mieux marche lentement, mais il marche ; dans quinze jours, j’espère pouvoir sortir ; mes vertiges subsistent, mais diminués ; je marche dans le salon et je ne chancelle pas trop. Je lis un peu et tu as mon essai d’écriture, sauf quelques lignes à Jacques

  1. C’était dans la crainte d’ébranler sa santé par l’inquiétude.
  2. Ma mère venait d’avoir une grave congestion cérébrale, un an juste après la mort de ma sœur Sabine.