Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/266

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j’espère bien… Je ne m’étonne pas des crispations d’Émile devant ces deux insupportables petits garçons[1] ; ils crient, ils se battent, ils s’arrachent tout ce qu’ils ont, ils touchent à tout, ils n’écoutent personne ; la mère ne les reprend jamais, les embrasse au lieu de les claquer ; je ne comprends pas qu’elle ne comprenne pas le mal réel qu’elle leur fait par cette condescendance qui vaut l’indifférence et l’abandon. Ils seront bien malheureux au collège ; maîtres et élèves les réprimeront fortement chacun à leur manière.

L’Univers est bien tiède pour l’Orne. D’ailleurs tout est inutile; on fera sans doute comme en Bretagne où on examine les bulletins du scrutin avant que les pauvres paysans ne les mettent dans l’urne ; on déchire ceux de l’ennemi et on les remplace par ceux de l’officiel, préparés d’avance. On remplace aussi les urnes par des soupières, des paniers ; et quand le scrutin est fermé, on remplace les mauvais par des officiels. Comment gagner la partie avec de tels joueurs ?…



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 17 juin 1869.


Chère petite, c’est trop fort ! Comment ! ma pauvre Françon a (ou a eu) la rougeole et ce n’est qu’au bout de dix jours que tu m’en donnes avis ! Je m’étonnais

  1. Les enfants d’une voisine sans doute.