Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/277

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pour l’avenir, ou bien un travail fatigant, solitaire, sans progrès possible, faute de direction, et par conséquent malsain par l’ennui et le découragement… Si la guerre finit, j’irai passer un bout de temps avec toi et je m’arrangerai pour voir mon cher petit Jacques que j’ai embrassé pour la dernière fois le lundi de Pâques, 19 avril…

Adieu, chère enfant, ne t’effraye pas des événements…



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 23 octobre 1870.

Je suis impatiente de connaître la réponse d’Émile au sujet de Vannes pour Jacques ; je n’ose pas trop compter sur son assentiment ; ce serait un trop grand bonheur pour moi juste au moment où je passerai une grande partie de l’hiver et de l’année à Kermadio. Je ne le verrais pas si souvent qu’à Paris, mais je l’aurais aux sorties du mois et j’irais le voir au moins une fois par mois dans l’intervalle ; et puis, s’il a besoin de quelque chose, je serais là pour le lui procurer… Mais j’aime mieux ne pas nourrir cette espérance, ce serait trop beau. Je comprends, ma pauvre fille, ton mal du pays et ta préoccupation d’Émile ; mais il est très peu seul…, il a sans cesse des personnes du pays et des occupations au dehors pour s’entendre sur ce qu’on doit faire et ne pas faire[1]… J’envoie demain à Jacques et à Jeanne

  1. Mon frère Anatole était resté aux Nouettes, avec sa femme et ses enfants, à quelques kilomètres seulement de Livet.