Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/276

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ils ont souillé et brisé les statues de la Sainte Vierge, protectrice de la France, ils ont profané nos églises, ils ont répandu le sang innocent, en tuant, torturant les habitants inoffensifs de nos villes et de nos villages, ils seront punis… Tu as vu qu’ils ont brûlé le palais de Saint-Cloud pour venger leur défaite; pourvu qu’ils n’en fassent pas autant à Versailles ! Leur rage orgueilleuse ne ménage rien; ils sont plus vandales que les sauvages ; ils ne comprennent pas le beau et le bon ; il paraît que les Bavarois sont plus cruels encore que les Prussiens ; ceux qui n’ont pas reçu leurs visites doivent rendre grâce à Dieu qui a arrêté leur marche. Tu as vu dans les journaux le courage des Bretons ; ils se sont aussi bien battus que les vieux soldats et bien peu ont été tués ou blessés. Tu as vu aussi la belle proclamation du comte de Chambord aux Français. On dit qu’il a eu la visite (en Suisse) de ses cousins d’Orléans, mais qu’ils n’ont pas pu s’entendre…. S’il en est ainsi, nous retomberons dans l’irréligion, l’impiété, l’anarchie, la révolution et le sabbat d’enfer. Puissiez-vous alors vous retirer dans quelque pays tranquille, sage, pieux comme le Val d’Andorre, qui n’a jamais laissé pénétrer dans son petit territoire ni étranger, ni mauvaise littérature. – Nous allons bien ; Gaston nous revient vendredi, après avoir prêché au séminaire de Redon ; nous attendons Nathalie demain ou après ; elle ramène Louis aux Jésuites de Vannes…

Le pauvre Jacques se trouve entre deux écueils : ou bien l’ennui de ne pouvoir rien faire qui vaille