Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je lui écrirai le plus souvent que je le pourrai ; je lui ai demandé une lettre par mois; je te demanderai à toi aussi de me donner de ses nouvelles quand tu en auras. – La pauvre Nathalie a une nouvelle inquiétude. On a fait à Toulouse une liste de proscription dans laquelle sont naturellement compris Paul et Albert. Un ami doit les prévenir quand leur tour d’arrestation arrivera… dans un autre département, ils seront en sûreté. – Je ne vais pas mal malgré des étourdissemens fréquens ; le temps est beau un jour sur deux ou trois. – Adieu, ma chère petite, je t’embrasse bien tendrement ainsi que les enfans… Tu sais que les chemins de fer sont tous interceptés depuis Tours pour la Bretagne, la Normandie, etc. Tu ne peux revenir chez toi jusqu’à ce que les routes soient rétablies.

Qu’a donc le pauvre petit Paul[1] ? Est-ce qu’il ne sort pas ? Il faudrait leur faire prendre l’air, ces pauvres petits.



――――


À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 2 décembre 1870.


Chère enfant, je t’en prie, ne t’inquiète pas au sujet d’Émile ; les Prussiens ont changé de direction en raison des dangers qu’ils courent dans notre pays de vallées, de bois et de haies et ravins; vrai pays de francs-tireurs et d’embuscades; d’ailleurs

  1. Il avait une pénible convalescence après sa rougeole.