Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/282

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leurs

à cause du froid, ils préfèrent se jeter sur le Midi. Et puis voici les grandes batailles qui ne peuvent plus se différer et j’ai toute confiance en Dieu et la Sainte Vierge ; sous peu nous serons délivrés des Prussiens ; le reste viendra de la même source, et l’ordre et la paix seront rétablis dans toute[1] notre chère France. Je pense sans cesse à toi, ma pauvre fille, et je prie Dieu de permettre ton prompt retour chez toi. Mon pauvre Jacques seul n’y sera pas, mais j’espère qu’il est heureux chez les bons Pères et qu’il continuera ses succès de Vaugirard. On nous apporte la nouvelle officielle de la grande sortie de Trochu… Que le bon Dieu nous prenne en pitié et nous donne la victoire ! Que de prières s’élèvent aujourd’hui vers le ciel et que de pauvres âmes comparaîtront aujourd’hui devant le Dieu de justice et de miséricorde !…

Si le bon Dieu voulait nous pardonner nos ingratitudes, nos indifférences, nos crimes, si nombreux par le temps d’impiété et d’indifférence qui court, le calme serait si bien rétabli que dans huit jours tu serais chez toi. Prions ! Que pouvons-nous faire de plus et de mieux ? J’ai écrit hier à la pauvre Jeanne, tout effrayée pour son père.



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  1. Ce mot est écrit en grosses lettres.