Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quant à Paris, je ne crois pas pouvoir y aller jusqu’à l’hiver prochain… Gaston fera comme moi… Je tâcherai de louer mon appartement… On dit que le gouvernement abandonnera Paris et ira s’établir soit à Versailles, soit à Fontainebleau ; Paris l’aura bien mérité ; on sera tranquille au moins pour délibérer, sans crainte d’un envahissement par l’émeute. Les élections ont été par trop mauvaises ; plus de deux cent mille voix données à un bandit comme Garibaldi et à tous les autres qui ne valent guère mieux ! – Adieu, cher ami, je t’embrasse bien affectueusement.



――――


AU VICOMTE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 26 mars 1871.


Les affaires de Paris vont horriblement : comment et quand cela finira-t il ? On a eu l’imbécillité de laisser ces sauvages s’emparer des hauteurs, des canons, des mitrailleuses, des forts, des mairies, de l’état-major, des casernes, des gares ; on ne sait plus par où ni comment les prendre ; ils sont maîtres de Paris.

Il faut avouer que Thiers est un grand homme, un habile homme, un grand stratégiste, un esprit prévoyant, un homme énergique, etc., etc. Les députés sont des imbéciles qui ont peur de ce petit homme, et qui préfèrent perdre la France que de déplaire à cet ambitieux inepte… Armand avec quelques autres travaillent contre lui tant qu’ils peuvent ; ils ont déjà