Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/297

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AU VICOMTE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 1 mars 1871.


J’ai reçu hier, cher Émile, ta lettre du 25. J’y riposte de suite en ajoutant à la mienne celles d’Olga et de la pauvre Jeanne. Tu les as terriblement effrayées ; quand on est éloigné, on suppose toujours les maux et les dangers plus grands qu’ils ne sont en réalité ; il est donc prudent de ménager les absens ; tu verras par les lettres que je t’envoye combien tes nouvelles les ont consternées, dans quelle affreuse position elles te supposent et combien elles en sont affligées.

Je leur ai tout de suite écrit pour les rassurer et je leur ai annoncé la paix comme certaine. Garde-moi ou bien renvoie-moi, à ton choix, la lettre de Jeanne ; je conserve leurs lettres… J’ai aussi écrit à Jacques dans le cas où Jeanne ou Olga l’auraient effrayé à leur tour; je les ai aussi entièrement rassurées sur ton sort – Je suis bien contente pour Jacques que tu viennes le chercher à Poitiers ; il aura une bonne semaine à passer à Livet. Dieu veuille que je puisse faire comme lui et vous faire une petite visite en attendant les vacances !

Ma santé est bien meilleure depuis deux mois, mais l’âge se fait sentir ; je marche doucement et pas longtemps ; je suis devenue très sourde ; je ne peux plus me mêler d’une conversation générale, et bien d’autres inconvéniens trop longs à analyser et décrire.