repoussé le demi-bien pour atteindre le superlatif du bon ! J’ai lu et relu avec un vrai bonheur la lettre dans laquelle tu me parles de ta tendresse pour Émile, chère petite ; je partage entièrement l’opinion que tu as de son excellent cœur, de son excellent jugement et de tout ce qu’il a de bon, d’aimable et d’attachant. Je suis heureuse de ton bonheur, ma très chère enfant, et je n’ai plus d’autre désir à former que de voir mon cher Émile aussi heureux par toi que tu l’es par lui. Paul est charmant pour Nathalie, et plein de soins et d’affection ; il est extrêmement aimable pour moi ; Nathalie est pleine de reconnaissance de ma visite à Londres et me le témoigne sans cesse d’une manière qui me touche et qui me fait bénir mon excellent conseiller Edgard. Je t’ai prévenue, Minette chérie, que je ne t’écrirai que quelques lignes ; je suis près de Nathalie, qui est faible, fatiguée, et qui a de temps en temps une forte douleur pour ne pas en perdre l’habitude. Adieu donc, ma chère petite. Paul a eu l’amabilité de faire partir tes paquets les plus pressés, le plaid d’Émile et ton shall ; je les avais déjà adressés à Adèle avant d’avoir reçu ta lettre, parce que je ne savais pas si Jean n’était pas en chasse au Havre ou dans quelque autre lieu de plaisance. J’ai écrit à Adèle de les réclamer demain dimanche. Émile aura son plaid et ton shall pour se tenir chaud en route ; au premier courrier, j’espère que Paul pourra faire partir ton paletot gris à poils longs ; aie soin de le faire brosser dans le sens des poils quand tu le mettras. Je tâcherai de rapporter un petit souvenir à Eulalie qui te soigne si bien.
Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/38
Apparence