Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/39

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Adieu, très chère enfant. Je t’embrasse bien, bien tendrement avec le cher Émile.

Quelle belle découverte que l’homéopathie[1] ! J’espère qu’Émile ne rit pas[2].

――――


À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Londres, 16 novembre 1856.


Tu sais sans doute déjà, chère Minette, que Nathalie est enfin accouchée hier 15, à onze heures trois quarts du soir, d’un fort et gentil garçon qui est le portrait de Camille[3] ; toute la journée s’était passée comme les trois précédentes… À huit heures, nous avons envoyé chercher le médecin, qui a très bien et sagement fait son office ; à onze heures il l’a légèrement chloroformée, non pour l’endormir, mais pour amortir les douleurs… En Angleterre, les accoucheurs chloroforment toujours à la dernière période de l’accouchement. Tout s’est passé pour le mieux ; Nathalie va très bien ; sa nuit n’a pas été très bonne à cause de la présence du jeune homme (style d’A…) qui a un peu trop crié pour le repos de la mère. On ne pouvait l’emporter pour ne pas provoquer une scène de cette sotte garde et vu l’absence de la bonne anglaise pré-

  1. Des remèdes homéopathiques venaient de me faire grand bien.
  2. Mon mari croyait peu à l’homéopathie.
  3. Il a suivi de près notre chère Camille dans la tombe, et sa fin a été pieuse comme celle de sa charmante sœur.