Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/42

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ta patiente sagesse. Je conçois son impatience ; elle qui aime à être bien arrangée chez elle, trouvera un vrai et durable plaisir à se voir entourée d’un joli mobilier et des jolies choses qu’elle a reçues en se mariant. J’oubliais de donner des nouvelles rassurantes de ma santé ; ni les nuits passées, ni les agitations qui ont précédé l’accouchement, ni l’anxiété des six dernières heures, ni les soins qui ont suivi, ne m’ont fatiguée en aucune manière… L’enfant, élevé au biberon par une garde imbécile, une bonne sourde et sotte, aurait infailliblement péri, étouffé par les bouillies épaisses que voulaient lui faire manger ces deux commères, que j’ai dès le début terrifiées par mon indignation. De plus, la toilette anglaise, qui laisse nus le haut du corps et les bras du malheureux enfant, a été immédiatement rejetée par moi ; j’ai d’autorité couvert le petit infortuné de flanelle et de mousseline ; la garde me considère comme une Vandale ; en revanche je l’envisage comme une Anglaise, ce qui est grave. La bonne est renvoyée du surlendemain de la naissance de son baby, qu’elle n’entendait pas crier. Cette femme avait été recommandée comme un trésor par un paquet de Mylady et de Misses ; Nathalie en cherche une ; en attendant, c’est la garde qui prodigue à l’enfant ses soins absurdes mais redressés par moi ; Paul et Nathalie m’ayant suppliée de diriger tout ce qui concerne leur garçon, je ne me gêne pas pour empêcher tout ce qui peut être nuisible… Adieu, mon cher, très cher enfant, je t’aime et je t’embrasse bien tendrement, ainsi que ma chère petite Olga. Remercie de ma part ton père