Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/45

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un bon sommier élastique bien doux, bien élevé et un seul gros matelas dessus. On est bien mieux couché que sur un diable de lit de plumes et une demi-douzaine de matelas qui vous échauffent, qui vous laissent dans un trou, etc.

Adieu, ma Minette chérie; mon temps de poste est écoulé, mon cœur tressaille d’impatience et mon esprit devient infernal. Je t’embrasse bien tendrement, chère petite, ainsi que mon bon Émile; mes amitiés autour de toi.


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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Londres, 24 novembre i856.


Je ne t’écrirai qu’un mot, chère Minette, pour que tu ne sois pas inquiète; je suis dérangée à chaque minute. J’ai péniblement achevé deux lettres en cinq heures; entre les petites, le petit, Nathalie, les repas, les promenades obligées (avec les petites), je suis tellement en l’air que j’en suis désespérée.

Paul est à la chasse au cerf; ridicule chasse, bien anglaise; on élève des cerfs, on les bourre d’avoine, on en lâche un dans les bois en vue des chiens et des chasseurs ; on le poursuit pendant deux heures ; on le ramasse quand il tombe de fatigue, on le saigne, on le ramène en voiture et on le laisse reposer pour une autre fois. Voilà la chasse. Paul trouve cela amusant au dernier point. Il y va deux fois par semaine avec cent à deux cents nigauds