Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/46

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anglais ; c’est à quinze ou vingt lieues de Londres, chez les Rothschild; on a sur place une réunion de chevaux de chasse appartenant à dix ou quinze personnes; chaque propriétaire a un groom en chef et des sous-grooms qui entraînent les chevaux… Adieu, ma chère Minette chérie, je t’embrasse tendrement ainsi que mon bon Émile; mes souvenirs affectueux autour de toi. Nathalie t’embrasse; les petites aussi.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Londres, 20 décembre 1856.


Chère enfant, je ne pouvais pas t’écrire, je ne devais pas t’écrire, je ne voulais pas t’écrire, et pourtant je me trouve pouvoir, devoir et surtout vouloir. C’est que je réfléchis que demain dimanche la poste ne part pas, qu’il y a longtemps que je ne t’ai écrit et que tu serais trop longtemps sans avoir de nouvelles directes…

T’ai-je dit que Nathalie devait t’écrire pour te remercier de la jolie chaîne et de la gentille petite croix que tu as envoyée à Louis? Il la portera quand il aura le cou moins gras et moins susceptible d’engloutir la chaîne dans ses plis nombreux. J’ai écrit à Sabine dans quelles conditions je fais ma correspondance ; tout le monde parle autour de moi et je suis, à la lettre, bète comme les dindons qui pendent en foule dans toutes les rues, pour Noël. J’ai passé une partie de l’après-midi à courir les boutiques et les bazars; il faut faire une demi-heure de route