Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/58

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me réjouir, chère petite, de ce que mon absence te soit sensible. Il est tellement dans les affections naturelles d’oublier ses parents pour des liens plus chers, que je me réjouis de la part que tu m’as conservée dans ton cœur; c’est un égoïsme que je n’ai encore pu vaincre, mais que les années et l’habitude finiront par dominer. En attendant, je m’accroche à tout ce qui peut me laisser espérer que je ne serai pas séparée de toi… Adieu, ma chère Minette chérie; je t’aime et je t’embrasse bien tendrement; je suis très contente que ton portrait marche bien; c’est dommage qu’Émile ne se soit pas fait faire par Barrias[1]. Que fait-on chez moi à la maison? … Je ne me promène pas du tout; je ne connais de Pau que le jardin de Nathalie, le petit et insignifiant Jardin Royal et un petit bout de la rue du Collège. Mais cette après-midi, il fera bon à marcher, vu la pluie qui est tombée, et je rôderai dans la ville pour en avoir un aperçu. Adieu, chère petite… Mon rhumatisme est presque disparu; je ne suis plus gênée dans ma respiration et mes mouvemens.


――――


À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Pau, 13 avril 1859.


Merci de ta lettre, ma chère bonne petite; elle m’a fait plaisir de toutes manières. J’espère que

  1. Qui faisait mon portrait. Ce vœu a été réalisé et le grand peintre dont ma mère admirait le talent a réussi admirablement « cette tête fine et énergique », suivant sa juste expression.