voyage sera aussi court que possible, car je ne quitte Pau que mercredi soir à dix heures et demie. J’espère vous embrasser tous avant de commencer ma nuit…
Chère petite, je devais avoir un temps énorme pour écrire la douzaine de lettres que je mijote; pas du tout; je suis plus pressée que jamais. La grand’messe et le facteur à trois heures ne me priveraient pas du temps nécessaire, mais je suis dans l’abomination de la désolation; toute la maison est sens dessus (dessous); les meubles de toutes les chambres sont mêlés, emmêlés de la façon la plus déplorable; le peintre de Paris, celui d’ici, ont brouillé tout, à l’envi l’un de l’autre; tous les tableaux et portraits sont en tas; tous mes livres étaient emmêlés, j’y ai passé une heure hier, deux heures ce matin. Je ne puis vivre dans ce désordre et je remets un peu en place les choses portatives. Si tu étais venue avec moi, nous aurions campé dans les corridors. J’espère brocher ma correspondance en une heure et demie, courir au Salut et revenir ranger pendant deux heures. Ce soir je me reposerai. En tout, la désolation est dans mon âme, car le dehors est un peu comme le dedans; du bois partout, mon hangar pas fini; 200 banneaux de pierres et terre a y porter pour niveler le terrain, qui a une pente de cinq pieds d’un bout à l’autre ;