Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/67

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le toit à couvrir à moitié, tout le bois à rentrer; des monceaux de copeaux à enlever, plus de mille bourrées à loger, etc. J’ai des tentations de découragement, d’autant que certaines choses pas finies rendent l’apparence affreuse. Le petit mur, non encore détruit, fait un effet pitoyable; la grange pleine de trous et non recrépie, le terrain du vieux hangar pas nivelé, sont fort laids. Ma chapelle est charmante[1] ; elle sera terminée et prête samedi. Le curé y pourra dire la messe lundi et j’aurai à ma portée le Refuge des pécheurs. Demain j’attends l’affreux bouleversement des bagages à recevoir et à défaire. La pauvre Louise fait ce qu’elle peut, mais je lui défends bien des choses qui pourraient lui faire mal. Baptiste fait merveille. Jean[2] me paraît un peu emplâtre; il n’en finit pas; j’ai l’espoir qu’il se formera. Il pleut quelquefois ; une ondée toutes les deux heures. La terre est mouillée comme en décembre; tout est vert, l’herbe est haute, les récoltes belles, l’air doux; mais mon hangar et la maison me désolent. Suis-je bête! Et pourtant c’est ainsi; le désordre m’est odieux. La femme Charpentier[3] est morte cet hiver ainsi que son enfant aîné; le mari est parti avec le plus petit. Adieu, ma chère Minette; mardi tout sera prêt; lundi, demi-prêt ; samedi, le strict nécessaire. J’embrasse le cher, excellent et charmant Jacquot…



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  1. Elle est détruite aujourd’hui, hélas!
  2. Le second domestique.
  3. Une des pauvres femmes que secourait ma mère.