Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/7

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cœur, trop plein de ces chers souvenirs pour en garder le secret.

D’ailleurs, ces lettres d’une mère à sa fille ne se bornent pas à des effusions de tendresses et à des confidences de famille. Elles renferment des pages nombreuses, où le talent de l’écrivain, l’âme de la chrétienne, le sang généreux de la fille de Rostopchine, éclatent en accents virils et parfois admirables.

Ses jugements sur les faits et les travers du monde, ses conseils littéraires, ses appréciations politiques sur les dix dernières années de l’Empire ; ses révoltes catholiques contre l’abandon du Pape par l’Empereur d’abord si aimé d’elle, ses protestations indignées, où vibre l’âme de son illustre père, contre les horreurs de l’invasion allemande, enfin son mépris clairvoyant du gouvernement de M. Thiers pendant et après la Commune, ne peuvent, ce me semble, qu’accroître la réputation de ma mère comme écrivain, et sont de nature à frapper tous les lecteurs.

Ils suffiront, en tous cas, à enlever à une correspondance aussi intime l’ennui des redites et la fatigue de la monotonie dans de petites choses.

Peut-être trouvera-t-on que j’ai laissé, dans cette publication, malgré les conseils dont je me suis entourée et que j’ai suivis, des témoignages trop répétés de la tendresse de ma mère pour mon fils