Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/109

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Blaise.

Depuis que vous m’avez calomnié, Monsieur Jules ; mais je ne vous en veux pas pour cela ; seulement je prie le bon Dieu de vous corriger, et je n’aime pas à me trouver seul avec vous.

— Est-ce que tu as peur que je te mange ? dit Jules en ricanant.

— Non, Monsieur Jules, mais je crains que vous ne disiez encore contre moi quelque chose qui ne soit pas vrai, et cela me fait de la peine par rapport à papa et à maman, et puis… »

Blaise se tut.

« Achève, dit Jules ; et puis quoi encore ?

— Eh bien, monsieur Jules, et puis par rapport à vous, parce que vous offensez le bon Dieu en me calomniant, et que le bon Dieu vous punira un jour ou l’autre. Et j’aimerais mieux vous voir demander pardon au bon Dieu et prendre la résolution de ne plus jamais l’offenser. »

Jules rougit ; il sentait la générosité des sentiments de Blaise et la vérité de ses paroles ; mais son orgueil se révolta.

Jules.

Je te prie de ne pas te donner tant de peine à mon sujet et de ne pas faire le saint en priant pour moi. Je sais bien prier pour moi-même.

Blaise.

Il faut croire que non, Monsieur Jules, car,